VANESSA SCHINDLER
Myriam Ziehli
Vanessa Schindler, The urethane pool, 2016

Vanessa Schindler est une jeune styliste, actuellement en train de terminer un master en design mode et accessoires à la Head. Juste après avoir obtenu son bachelor en design mode, elle réalise différents stages dans des ateliers très prestigieux en Europe, comme les marques de prêt-à-porter Etudes Studio et Balenciaga à Paris. Elle passe ensuite six mois à Copenhague pour rejoindre le studio du designer danois Henrik Vibskov. Elle obtient par ce biais une vue d’ensemble sur une marque qui jongle entre le vêtement et la scénographie. Cette expérience représente alors une occasion unique de travailler sur des projets de costumes pour des ballets et opéras. Elle réalise notamment des prototypes en étroite collaboration avec Henrik Vibskov pour l’opéra Medulla de Bjork présenté à la Monnaie de Bruxelles.

Après ses différents stages, elle commence un master en design mode et accessoires à la Head lui permettant de mettre en pratique les acquis issus de ses expériences. Vanessa a notamment développé une grande sensibilité aux questions relatives à la production industrielle et artisanale. Elle crée son atelier dernièrement au sein d’un atelier à Renens qu’elle partage avec d’autres designers.

Myriam Ziehli
Vanessa Schindler, The urethane pool, 2016

De quelle manière la notion d’UTOPIE est elle présente dans votre pratique, approche et/ou stratégie artistique?

Si l’utopie est de créer un espace meilleur, mais qui n’existe pas, ma pratique s’inscrit en effet dans une volonté utopique. Ayant fait divers stages dans des maisons de prêt-à-porter, j’ai réalisé que les schémas de production sont souvent sensiblement les mêmes; conception sur place, production délocalisée (sauf dans les ateliers de haute couture évidemment). Mes recherches effectuées ces deux dernières années dans le cadre du master en design mode à la Head-Genève m’ont permis de développer une nouvelle manière de penser la production de mes pièces pour la rapprocher d’une idée d’artisanat. L’uréthane, matière visqueuse, qui une fois sèche devient gommeuse, est utilisée comme joint pour assembler les différentes parties de mes sacs et vêtements. Cette envie de réunir l’endroit de la conception et de la production rendrait ma pratique utopique.

L’Utopie se comprend parfois comme la construction mentale d’un système ou d’un modèle idéal de société civile. Comment perçois-tu le rôle de la pratique créative dans ce contexte? Ou, dit d’une autre manière, penses-tu que le design peut changer la société?

J’aime croire à un rôle de designer qui ne se limite pas à penser la forme de l’objet, mais qui questionne la manière de le produire. Le sac n’est plus coupé-cousu-surpiqué – schéma de production propre à la maroquinerie – mais monté dans des moules. Le geste créatif est alors dans le développement de ses nouveaux outils desquels découlent des formes.

Où puises-tu ton inspiration? Ton travail et/ou ton état d’esprit sont-ils guidés par des références particulières?

Je m’intéresse particulièrement à la notion de care développée par Claude Fauque (FAUQUE, Claude, 2012, « La main en avoir ou pas », dans Mode de recherche n.18, L’artisanat, la main et l’industrialisation, département recherche et édition, Paris, IFM.). Elle la définit comme le soin de l’artisan envers la pièce qu’il réalise pour le client et le soin du client en achetant et en entretenant cet artisanat.