THOMAS ROUSSET &
CHARLES NEGRE
Thomas Rousset et Charles Negre
Sans titre extrait de la série « 164° On The Equator »

Thomas Rousset (1984) et Charles Negre (1988) sont tous deux diplômés de l’Ecole Cantonal d’art de Lausanne (ECAL) où ils obtiennent leur bachelor en communication visuelle, section photographie.

Situé aux frontières qui séparent le documentaire de la fiction, “164° On The Equator” aborde un exotisme à la typologie revisitée. Cette série émet l’idée d’un choc des civilisations. Ici, chaque situation est très largement mise en scène, parfois jusqu’à l’absurde. Faux reportage d’une fausse expédition, ce projet confronte aussi bien la beauté à l’artifice, que les paysages exotiques aux archétypes qui les peuplent. Regard sur des coutumes n’ayant jamais existé, la série réalisée en Indonésie en 2014 trace un parcours sinueux sur une carte inconnue, mais que l’on tente de déchiffrer.

De quelle manière la notion d’UTOPIE est elle présente dans votre pratique, approche et/ou stratégie artistique?

Thomas Rousset et Charles Negre
Sans titre extrait de la série « 164° On The Equator »

Le projet est en cohésion avec le terme d’Utopie, nous avons placé la scène d’une société fictive, isolée dans le contexte de temps et d’espace, sans repères, comme une île perdue dans les eaux internationale (d’où le titre ; 164°On The Equator). À l’origine, notre réflexion s’est basée sur l’utopie de l’ailleurs, l’inconnu exotique, la terre lointaine, l’eldorado. L’explorateur tel que nous l’imaginons n’existe plus, les moindres recoins du globe ont été identifiés, documentés. C’est ce sentiment inconnu – être le premier à simplement découvrir un espace nouveau, une culture jusque la refermée sur elle-même – qui nous a poussé à tricher. Il faut alors construire, détourner, inventer des rituels, accessoires, situations, afin de mettre en image un documentaire-fiction, jouant pleinement avec les codes de l’exotisme. L’Indonésie n’est finalement qu’un décor parmi d’autres: en créant un doute chez le spectateur sur la véracité ou non des situations présentées, cela légitime d’une certaine manière cette société utopique. L’utopie nous donne l’impression que la perfection d’une société ne sera accessible que dans la fiction.

Thomas Rousset et Charles Negre
Sans titre extrait de la série « 164° On The Equator »

L’Utopie se comprend parfois comme la construction mentale d’un système ou d’un modèle idéal de société civile. Comment perçois-tu le rôle de la pratique créative dans ce contexte? Ou, dit d’une autre manière, penses-tu que le design peut changer la société?

Le design influence depuis toujours la société, l’ambiguité vient sur la question de l’unicité. Selon nous, le design doit se renouveler et être remis en question constamment. Quand on imagine une aspiration commune liée a une nouvelle société cela implique la plupart du temps un schéma unique a travers un mode de vie idéal. Au contraire, le design c’est la diversité. Le design doit s’adapter a des modes de fonctionnement divers et variés.  L’ exemple le plus flagrant serait celui de Le Corbusier: imposer un schéma unique de design, aussi brillant soit-il, ne fonctionnera jamais comme structure de société.

Où puises-tu ton inspiration? Ton travail et/ou ton état d’esprit sont-ils guidés par des références particulières?

Thomas Rousset et Charles Negre
Extrait du livre « 164° On The Equator »

On puise nos influences dans diverses références anciennes et actuelles. Si on devait en nommer, actuellement on trouve complexe et intéressant comment Christopher Williams questionne la photo et la technique photo; le livre de Brian Doherty « Inside the white cube » sur les bases de la scénographie d’expositions; la retrospective de Fischli and Weiss au Guggenheim.

Plus sur Charles Negre ici  et Thomas Rousset ici.