LUCIE GUIRAGOSSIAN
Jean-Vincent Simonet
Lucie Guiragossian, 182,4 dB

Lucie Guiragossian a obtenu son bachelor en design mode à la HEAD avec mention très bien au mois de Juin 2015.

Suite à sa formation en Arts Appliqués à Valence, elle s’oriente vers le design textile à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon. Elle dessine alors tous ses motifs à la main et les imprime ensuite en sérigraphie. Elle réalise un stage en été 2011 chez Daniel Henry Textile Design Studio – designer textile indépendant basé en Belgique – qui lui transmet sa passion pour la sérigraphie. À la suite de ce stage, elle installe son atelier de sérigraphie à Valence. 

Jusqu’en Juin 2016, elle est en stage chez Julian Zigerli à Zürich. Son intérêt pour ce studio réside dans la nécessité de voir, comprendre et participer à l’organisation d’un jeune studio de design Mode en Suisse. Le but qu’elle se fixe, dans un futur proche, et celui de monter son entreprise et de créer sa propre marque de prêt-à-porter masculin en Suisse romande.

Elle est très touchée par les pratiques issues de la culture populaire: présentée à la HEAD en Juin 2015, sa collection de bachelor nommée 182,4 dB consiste en une collection pour homme de six looks inspirés du tuning auto-mobile. Cette pratique fascinante qui consiste à transformer et améliorer les qualités techniques et esthétiques de véhicules communs lui fait se poser la question: le “tuneur” est il un designer?

Jean-Vincent Simonet
Lucie Guiragossian, 182,4 dB

De quelle manière la notion d’UTOPIE est elle présente dans votre pratique, approche et/ou stratégie artistique?

Au risque de vous décevoir, je ne cherche pas à créer un monde imaginaire qui serait parfait pour des gens parfaits. Je pense déjà qu’il y a bien assez à faire avec celui là. La réalité me fascine, elle ne m’ennuie jamais. Elle n’est pas parfaite mais c’est ce que je préfère. Je crois que c’est une question de point de vue. Ce challenge me plait, faire avec ce que l’on a, donner le meilleur, toujours. Je veux faire des vêtements pour des gens réels. La fonctionnalité dans le vêtement est primordiale pour moi, vient ensuite, la couleur qui joue un grand rôle. 

L’Utopie se comprend parfois comme la construction mentale d’un système ou d’un modèle idéal de société civile. Comment perçois-tu le rôle de la pratique créative dans ce contexte? Ou, dit d’une autre manière, penses-tu que le design peut changer la société?

Jean-Vincent Simonet
Lucie Guiragossian, 182,4 dB

Ca sert pas à ça le design? Le designer oscille sans cesse entre réalité et rêverie. Essayer de rendre le quotidien plus simple, plus souple, plus doux, plus coloré. Apporter un peu de joie. L’échange et le partage sont des notions essentielles pour moi en tant que designer mode. Je pense qu’il ne s’agit pas simplement d’imposer sa vision, son utopie. Je voudrais que les gens se sentent bien dans mes vêtements et qu’ils finissent par se les approprier entièrement. Je ne prétend pas à donner la meilleure solution au problème, seulement, j’essaie. Et je crois que l’humour, le ludique, le fonctionnel et la couleur peuvent être une bonne réponse.

Où puises-tu ton inspiration? Ton travail et/ou ton état d’esprit sont-ils guidés par des références particulières?

L’inspiration vient toujours de mon quotidien, de ce que je vois. C’est fascinant d’observer les gens, les rues, la cohabitation de tout ce monde, de toutes ces formes et ces couleurs. La réalité m’inspire, elle est tellement riche. Je la prends comme elle est et je propose ensuite ma propre relecture. 

A chaque début de projet, mon travail a presque un aspect documentaire: je prends des photos, des notes sur les gens, sur ce qu’ils portent et comment ils les portent, je les interview. Pour cette collection, c’est Fabrice président des Blacks Scorpions (club de tuning, Sion) qui a été une source d’inspiration pour moi. La passion avec laquelle il me racontait en détails les règles du tuning, comment abaisser la carrosserie pour ne laisser que 3 cm entre la voiture et le bitume. Il y a aussi ceux qui sont trop compétitifs et l’arrivée des filles dans le tuning. 

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