JACQUES-AURÉLIEN BRUN
Jacques-Aurélien Brun
Cosmic Shell

Jacques-Aurélien Brun (né en 1992, en Suisse) est Diplômé de l’ECAL. Il a été exposé avec le Prix VFG Nachwuchsförderpreis, à Winterthur, Bâle, Stuttgart et Lausanne. En 2014, il remporte le Prix d’Encouragement de la ville de Renens. En septembre 2015, il est sélectionné pour la deuxième fois au Unseen Photo Book Award à Amsterdam.

Jacques-Aurélien Brun
Cosmic Shell

Ses thèmes de prédilection sont la quête d’un mythe ancien et d’un mythe moderne, la disparition et la femme fantasme, le voyage réel et imaginé. Au commencement de ses projets, Jacques-Aurélien se concentre sur la/une réalité, un aspect social ou encore une anecdote afin de composer les fragments d’une histoire. Au cours du développement de ses projets, il donne un aspect universel à ses fictions en cherchant le concept global qui rassemble ses images et visions.

Jacques-Aurélien Brun
Cosmic Shell

De quelle manière la notion d’UTOPIE est elle présente dans votre pratique, approche et/ou stratégie artistique?

« Cosmic Shell » est un projet qui répond directement à mon « Manifeste de la Nouvelle photographie » en 20 points. Celui-ci tente d’imposer une vision et des règles à la photographie. En résumé, il s’agit d’un travail élaboré en réaction au flux monstrueux d’images auxquelles nous avons quotidiennement accès.

Dans cette optique, mon travail photographique « Cosmic Shell » s’inspire des règles du manifeste, comme on suivrait une recette de cuisine. Je mélange les ingrédients, reforme un tout par fragments et tente de donner une vision globale du monde.

Jacques-Aurélien Brun
Cosmic Shell

Je construis cette vision, en jouant avec les images entre-elles, de manière à ce que de nouvelles connections s’établissent. Cela crée un basculement entre un dialogue imaginaire et formel, avec des typologies d’images très différentes, entre des sujets concrets (animaux, paysages, images du quotidien) et des images plus abstraites (manipulation de la surface sensible). D’une certaine façon, la question la plus importante dans ce travail porte sur la relation entre les expériences, les choses et les sujets.

Pour parler d’utopie, je ne vise pas à créer ou à montrer un monde idéal, mais je désire tendre vers une photographie parfaitement liée à son époque, non par l’image unique, mais par les interactions qui se forment entre elles.

Jacques-Aurélien Brun
Cosmic Shell

L’Utopie se comprend parfois comme la construction mentale d’un système ou d’un modèle idéal de société civile. Comment perçois-tu le rôle de la pratique créative dans ce contexte? Ou, dit d’une autre manière, penses-tu que le design peut changer la société?

En effet, vivant dans un monde submergé par l’image, le fait de viser une photographie « utopique »  me permet de m’émanciper de cette masse, que ce soit par la disparition du sens premier du sujet, par l’association d’images, ou son annihilation totale par l’image abstraite.

Cette démarche peut donc avoir un impact sur la façon de comprendre ce flux d’images. Indirectement, c’est par les nouvelles connections qui se créent entre les sujets que l’utopie, dans ma pratique, peut changer les perceptions de notre société.

Pour élaborer le manifeste, je suis parti d’une idée plus dystopique de la photographie qu’utopique. En effet, ma première impression fut qu’il n’était plus possible de faire de « nouvelles » photographies de nos jours. Quel comble pour un photographe !

A partir de cela, je me suis trouvé dans la nécessité de chercher des solutions ou de croire qu’il en existait.

Jacques-Aurélien Brun
Cosmic Shell

Où puises-tu ton inspiration? Ton travail et/ou ton état d’esprit sont-ils guidés par des références particulières?

L’ironie est que la plupart des règles que je tente d’imposer dans mon manifeste ne sont pas si nouvelles que ça. Elles s’inspirent par exemple des principes de Lazlo Moholy-Nagy ou du manifeste du futurisme de Marinetti. Vu que tout est cyclique, l’utopie ne serait pas une finalité en soi, un monde, ou une photographie parfaite à un moment déterminé, mais une constante remise en question des systèmes et un moyen de pouvoir renouveler constamment le médium.

Jacques-Aurélien partecipe au Festival Circulation(s) à Paris jusq’au 7 de août 2016.

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