DELPHINE BURTIN
Delphine Burtin
sans titre, de la série "Sans condition initiale » 2014/2015

Née en 1974, Delphine Burtin vit et travaille à Lausanne (Suisse). Après des études de graphisme, elle exerce cette profession pendant quelques années au sein de plusieurs agences de communication, puis en tant qu’indépendante.
En 2011, elle entreprend de suivre la Formation supérieure de photographie à Vevey (CEPV). L’année suivante, son travail, «Disparition», est présenté notamment au Photoforum PasquArt (Bienne) et aux Boutographies de Montpellier.
En 2013, son travail de diplôme, «Encouble» connaît un succès large et immédiat: sélection au prix du livre Paris Photo 2013, catégorie “premier livre”, 1er prix lors de l’exposition “Selection”, Photoforum PasquArt; lauréate du Prix HSBC 2014; la série a d’ores et déjà été montrée à Berlin, Paris, Lille, Metz, Bordeaux, Strasbourg et Montpellier.

Delphine Burtin
sans titre, de la série "Sans condition initiale » 2014/2015

«Sans condition initiale», sa dernière série fait partie de l’exposition reGeneration3 – Quelles perspectives pour la photographie?, un projet international consacré à la scène photographique émergente présenté par le Musée de l’Elysée de Lausanne. Elle a également été exposée à la galerie Benrubi à New York et à la galerie Bildhalle à Zürich.

Son travail questionne les notions de l’illusion, de la disparition au travers de natures mortes ou de rébus visuels jouant sur l’ambiguïté de la perception.

De quelle manière la notion d’UTOPIE est-elle présente dans ta pratique, approche et/ou stratégie artistique?

J’ai toujours aimé le mot Utopie car il peut avoir deux sens ; l’utopie de Thomas More et son lieu idéal, ou une réalité difficilement atteignable.
C’est pour cet antagonisme que j’affectionne ce mot. J’aime me laisser croire à des concepts qui paraissent inaccessibles et difficilement réalisables. Garder une part de rêve ou d’espoir dans ma façon de penser est pour moi une façon optimiste de regarder le monde. Dans mon travail photographique, j’essaie souvent de nous faire faire un pas de côté, d’ébranler nos convictions et certitudes. Je tente de m’abstraire de la réalité afin de mieux la questionner.
Je m’interroge sur ce qui réside dans chaque image, avec à l’esprit cette question: comment interpréter ce que nous livrent nos sens? Le cheminement fait d’aléas, d’accidents et d’interrogations me permet de parvenir à un travail cohérent est au centre de mon processus créatif.

Delphine Burtin
sans titre, de la série "Sans condition initiale » 2014/2015

L’Utopie se comprend parfois comme la construction mentale d’un système ou d’un modèle idéal de société civile. Comment perçois-tu le rôle de la pratique créative dans ce contexte? Ou, dit d’une autre manière, penses-tu que le design peut changer la société?

Dans la série “Sans condition initiale” je poursuis une recherche conceptuelle autour du leitmotiv de «l’accident visuel» en cherchant à arrêter le regard pour remettre en doute notre perception du réel. Cette série est comme un jeu, une construction aléatoire où tout peut devenir autre chose. Je cherche à recréer un langage à partir de fragments existants, de morceaux de monde qui auraient eu une autre finalité. Une sorte de jeu combinatoire indéfini où tout est possible. La nature des objets s’efface, ils ne sont plus sujets à leur condition initiale. En ce sens, il s’agit pour moi d’une tentative de créer une nouvelle utopie.

Où puises-tu ton inspiration? Ton travail et/ou ton état d’esprit sont-ils guidés par des références particulières?

Je pars souvent d’une obsession, d’une envie soudaine d’explorer une thématique. Dans ces moments-là, j’évite de réfléchir au pourquoi, je fais des images. C’est seulement dans une deuxième phase que je vais décrypter ce qui m’a amenée au résultat.

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