ETIENNE MALAPERT
Etienne Malapert
Sheikh, The City of Possibilities

Etienne Malapert est un photographe né en 1991 à Paris. Il obtient son baccalauréat en Arts Appliqués en 2010 et continue sa formation par une année préparatoire aux Ateliers de Sèvres à Paris. Il est diplomé d’un bachelor à l’école d’art de Lausanne (ECAL) avec mention et récompensé en 2015 par le prix BG (Bonnard Gardel) du développement durable. Son approche artistique relève du documentaire, alliant avec une même technique et une même esthétique ses sujets de prédilection: Etienne Malapert s’intéresse particulièrement au paysage (urbain, naturel, architectural ou même politique), à ceux qui l’habitent, et à la manière dont l’un s’adapte à l’autre… et vice versa.

Etienne Malapert
Sandstorm, The City of Possibilities

De quelle manière la notion d’UTOPIE est elle présente dans votre pratique, approche et/ou stratégie artistique?

L’espace joue un rôle central dans ma pratique photographique, j’ai besoin d’être imprégné par le lieu, de le comprendre pour créer des images. La notion d’utopie se retrouve donc un peu dans cette osmose entre l’humain et l’environnement que je cherche à atteindre.
J’estime que l’approche documentaire photographique en elle-même tient de l’utopie à l’heure actuelle. Nous sommes constamment exposés à des flux d’images et avons accès très facilement à toutes ces informations visuelles sans avoir besoin de se déplacer. Il devient donc plus difficile de se démarquer en tant que photographes, ce qui nous pousse à sans cesse nous renouveler pour présenter une vision nouvelle. La pratique documentaire me permet d’explorer et d’exposer au public des territoires inconnus.

L’exercice de ma pratique me pousse à chercher ce qui pour moi est une forme d’idéal artistique dans la représentation photographique: être au plus proche de la réalité dans la création d’images. En ce sens je me considère comme un puriste du médium. C’est là que le principe d’utopie intervient, en tant qu’existe une quête impossible.

Etienne Malapert
Tahara, The City of Possibilities

Dans le cadre plus précis de «The City of Possibilities», la ville de Masdar (UAE) – une ville 100% autonome énergétiquement en plein milieu du désert et au pays du pétrole – est un projet paradoxal en soi. Il y a de l’absurde mais sous couvert d’utopie scientifique. Pour ce projet «éco-futuriste», inspiré d’une certaine façon par la science-fiction, nous ne pouvons dès lors pas écarter la notion antinomique de l’utopie qu’est la dystopie.

L’Utopie se comprend parfois comme la construction mentale d’un système ou d’un modèle idéal de société civile. Comment perçois-tu le rôle de la pratique créative dans ce contexte? Ou, dit d’une autre manière, penses-tu que le design peut changer la société?

En un sens, la création naît inéluctablement d’une recherche utopique. Le geste créatif tend à changer les choses, à créer une structure environnementale et organisationnelle qui ne se base pas que sur les besoins réels des gens. La pratique créative n’est pas une nécessité vitale en soi: elle permet d’embellir et de penser la société contemporaine. L’utopie intervient dès lors que l’on considère que la création peut changer les choses. Ces idéalisations sont en permanence mises en comparaison avec notre réalité. La création artistique passe par une réinterprétation et une adaptation de cette réalité, on peut donc croire un peu qu’elle tend à influencer cette réalité, à la contaminer.

Où puises-tu ton inspiration? Ton travail et/ou ton état d’esprit sont-ils guidés par des références particulières?

Etienne Malapert
Electric Panels, The City of Possibilities

Lors de la création du projet «The city of possibilities», je gardais en tête le travail de Rob Hornstra: THE SOCHI PROJECT – An Atlas of War and Tourism in The Caucasus. Ce travail est pour moi une référence pour toutes personnes faisant du documentaire. Il y a cependant d’autres artistes et penseurs qui m’ont influencés lors de la conception de mes travaux: Walter Benjamin, Matthieu Gafsou, Joel Sternfeld, Geert Goiris.

Etienne participe à Les journées photographique de Bienne du 29 avril au 22 mai 2016 et à Riga Photomonth du 2 au 15 mai 2016.
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