
31 May 2017



Bertille Laguet, née aux Jura en 1988, avait commencé a étudier Design à Lyon pour devenir professeur. À la fin de trois années elle avait envie d’une pratique plus concret et décide de changer à l’ECAL, où elle obtient son diplôme en 2012. Après un stage chez Jörg Boner design studio à Zürich, elle travaille et expose avec Mathieu Rohrer. Ensuite elle s’établit à son compte et développe ses radiateurs «Gris Fonte».
Dans l’interview elle nous parle pourquoi le design est toujours interdisciplinaire.
Quelle est la tâche du design?
Pour moi, le rôle du design est d’entretenir et renouveler les qualités de notre patrimoine gestuel et matériel. Le design est là pour réinterroger et explorer les possibilités de production et d’usage. Il a aussi un grand rôle dans la diversité d’expériences sensorielles (forme, poids, texture, etc) que nous apportent les objets.
Le design est-il toujours interdisciplinaire?
Toujours. Un projet de design, puisqu’il s’adresse à l’homme, englobe un part social, et esthétique, puisqu’il faut le produire et le vendre une part industrielle, éthique et marketing, etc. Je perçois le designer comme un catalyseur qui donne lieu à la rencontre de toutes ces disciplines, celui qui ajuste les différents curseurs en fonction du projet.
Est-ce que le bon design est invisible?
J’ai souvent entendu que le bon design est celui qui est invisible, celui qui est si efficace qu’on ne le voit plus. Le «good design» pour moi est aussi celui qu’on regarde avec familiarité. Les objets qui ont une présence forte nous touchent, nous intriguent ou nous font rêver. nous avons plaisir à les voir, à les toucher, à les prendre en main, à vivre avec. Nous nous y attachons, une relation se crée. Ils sont bien visibles parce qu’on les regarde. et comme nous les garderons, ils appartiendront longtemps à notre paysage visuel.
Quel designer vous inspire?
J’ai rencontré Jörg Boner d’abord comme professeur à l’ECAL puis j’ai effectué un court stage chez lui en 2012. Sa manière de travailler m’a semblé si juste qu’elle reste pour moi un exemple : le plaisir doit être présent à chaque étape du projet, la relation humaine au centre, et le «romantisme industriel», sorte de poésie fonctionnelle, guide l’esthétique de ses projets.
J’aime m’inspirer au gré des projets de pratiques autres que le design. Dernièrement c’est vers les toiles de Soulages (exposition «noir c’est noir ?» au artlab, ePFl, Lausanne), que j’ai puisé l’inspiration. Après la relecture d’«éloge de l’ombre de Tanizaki» cela complétait mes réflexions pour mes recherches en fonderie autour du noir, de l’objet noir. Ma récente visite du isamu noguchi Garden Museum à New York m’a également marqué: son travail de la forme et des textures dans ses sculptures me fascine.