ALICE RABOT
© Baptiste Coulon
© Jacques Aurélien Brun
© Jacques Aurélien Brun

Après ses deux années de BTS Design Mode à L’École supérieure des arts appliqués Duperré à Paris, Alice Rabot découvre sa prédilection : la maille. Celle-ci elle l’approfondit durant son Bachelor à la HEAD Genève. Avec son diplôme en poche elle continue avec son Master au sein de la même école. Pendant ce temps elle participe comme assistante styliste pour la création et production de la collection SS 2017 de Paco Rabanne. Pour les Swiss Design Award 2017 Alice Rabot nous présente sa collection femme «Ailleurs, Après», influé par l’idée au corps féminin sensuel et libre grâce à la maille, dans un esprit théâtralisé, qui permet de réfléchir aux liens de dépendances réciproques entre le corps et le vêtement.

La façon de changer nos vies avec le design est une des questions mis en avant dans l’interview suivant.

Comment le design change-t-il la vie?

Au-delà de changer la vie, le design parle de la vie mais d’une façon singulière : selon moi, le designer doit s’engager dans ce qui donne sens à la vie, ce qui peut permettre à celui qui regarde, où à l’objet de son regard, de s’élever, ou du moins à réfléchir à son engagement dans la vie, «exposer quelqu’un à quelque chose». Au-delà du critère beauté, valeur mouvante, et pour certains même obsolescente, le designer doit avoir aussi en-tête l’idée d’une transmission, s’inscrire et s’affirmer comme un « relais ». Ma collection Ailleurs, Après s’inscrit dans cette approche conceptuelle interrogeant à la fois les rapports de dépendance réciproque entre le corps et le vêtement, mais aussi le désir d’une transmission d’une idée de la beauté.

Le design est-il toujours interdisciplinaire?

Le design recouvre une valeur plurielle à la croisée de plusieurs espaces : symbolique, sociale, économique, existentielle voire spirituelle, et par là même incite à la transversalité. Considérer le design comme une matière hybride. Mes créations sont toujours à la croisée et en dialogue avec d’autres disciplines le plus souvent artistiques dans ses inspirations (le spectacle vivant en particulier), techniques dans ses réalisations (collaboration avec d’autres designers/créateur), avec toujours un fil directeur pour parler du et au monde d’aujourd’hui et faire œuvre de création personnelle. Avec toujours en tête cette interrogation empruntée à un œuvre de Gauguin (qui revendiquait le “droit d’oser”) : D’où venons-nous ? Qui sommes nous ? Où allons-nous ?

Quel designer vous a influencé?

De la chorégraphe Pina Bausch, aux artistes rattachés à l’esthétique relationnelle en passant par le duo de stylistes-designer Bless, sans oublier les défilés Dior par Galliano, tout un monde d’influences d’expressions diverses (spectacle vivant, mode, architecture, cinéma, design, musique) nourrit de façon immersive ma réflexion et mon désir dans mes démarches créatives. Mais plus que sur des «modèles à suivre», je puise mon énergie dans les échanges et collaborations avec d’autres créatifs rencontrés notamment à la Head-Genève et qui m’inscrivent dans une dynamique en phase avec le monde d’aujourd’hui et ses enjeux que j’interroge, et celui auquel je voudrais participer demain, la création étant pour moi un terrain d’expérimentation préservé où exprimer une vision et interagir.