JULIEN FISCHER

Le graphic designer Julien Fischer est née en 1990. Pendant ses études il adhère le Collectif d’artiste RATS à Vevey, responsable pour le design graphic et les Editions TSAR. En 2013 il obtient son diplôme de Bachelor de l’ECAL – École cantonale d’art de Lausanne en graphic design. Depuis il travaille comme graphiste indépendant aux côtés de plusieurs artistes ainsi que pour différents clients tels que mudac (Lausanne), Musée Jenisch VeveyMotto Books, STADIO et Lowkey Studio, entre autres. En 2015 il co fonde le artist-run space Silicon Malley.

Sa pratique est principalement axée sur les imprimés, en mettant l’accent sur les détails, la simplicité, l’expérimentation et la production.

Demain: 20.05.2017, Le Collectif RATS inaugure son nouvel espace d’exposition
Dans l’interview suivant il nous parle de l’interdisciplinarité du design.

Quelle est la tâche de conception?

Le graphisme fait partie de mon éthique personnelle. C’est un outil pédagogique indispensable qui me permet de soutenir mes engagements, mes idées, mes valeurs. Aujourd’hui, j’évolue dans le monde de l’art. Mes livres donnent accès au travail des artistes que je publie. Mais je peux aussi bien l’appliquer à d’autres sujets – les méthodes de communication visuelle peuvent servir n’importe quelle cause.

Le design est-il toujours interdisciplinaire?

On dit que le design est à la croisée des arts, de la technologie et de la société. Je me sens pleinement concerné par ces trois domaines.

La technologie, parce que je suis très attentif aux méthodes d’impression. Il y a l’idée et le concept d’une part, mais il y a aussi les techniques de production qui vont permettre de rendre ces abstractions réelles, de les traduire en supports matériels. J’aime prendre en compte tous les aspects des procédés d’impression et de fabrication. Pouvoir maitriser un champ élargi de détails, et ne rien laisser au hasard. C’est comme pour l’alimentation. On peut choisir de consommer du pain industriel, fait de farines raffinées et de conservateurs. Mais on peut aussi décider de le pétrir soi-même en choisissant individuellement chaque ingrédient pour contrôler la qualité du produit final.

La société, parce que le graphisme est une manière pour moi de toucher les gens. Il accompagne et facilite la transmission d’informations. En ce sens, je vois le graphisme comme une extension du langage. Sa grammaire repose sur les concepts et les idées: ce sont eux qui construisent et structurent le message. Son vocabulaire passe par une série de codes esthétiques et visuels communs: le choix des couleurs, des typographies, du format, du papier et des techniques d’impression.

L’art enfin, parce qu’il y a bien sûr une forme de créativité qui s’exprime à l’intérieur et au contact de ces contraintes, en cherchant justement son échappatoire. Je suis toujours à l’affût d’une certaine forme de fraîcheur dans laquelle n’importe qui puisse s’identifier.

Le bon design est-il invisible?

La transparence du graphisme est une question complexe. C’est un travail qui doit être pensé pour guider le regard et la lecture, à la manière d’un copilote. Mais il doit rester suffisamment généreux pour laisser au contenu la place de s’épanouir. Le défi du graphiste consiste justement à s’immiscer, à imprimer sa personnalité tout en créant un objet sur-mesure, dédié à la mise en valeur du contenu. C’est un exercice d’humilité. Il faut résister à la tentation ornementale, au dialogue d’initié. Si le lecteur qui tient un de mes livres en main commence par remarquer le travail du graphisme, c’est une sorte d’échec pour moi. Mettre un texte en page, c’est trouver les conditions d’un dialogue fluide et équilibré entre le fond et la forme. Mes remerciements à Salomé Kiner pour la mise en forme de mes mots!